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lundi 28 mars 2011

Le jour où je me suis liquéfiée.


Pffffuiiiii ! Journée épuisante. J'ai bien mérité un petit bain. Et puis non, un grand bain moussant, avec de bonnes odeurs qui ensorcellent les sens, détendent les muscles, engourdissent le cerveau, et font voyager aux pays irréels. Je plonge dans la mousse blanche, m'immisce entre les bulles en essayant de ne pas les faire éclater de douleur, et m'allonge de tout mon mètre cinquante sept dans la matière chaude. L'effet est immédiat, relaxation absolue. Mon corps se détend tellement que je me liquifie sur place, plouf ! Je disparais, je me mêle, me mélange à l'eau du bain. Les parties de mon corps transformées en goutelettes en profitent pour se déplacer indépendamment les unes des autres et font connaisance entre elles. C'est l'osmose absolu. Certaines essaient d'intégrer des bulles de mousse pour s'envoler au dessus de la surface de l'eau. Les négotiations sont parfois âpres, mais certaines réussissent, et voyagent ainsi dans la salle de bain. Plus aucune envie de redevenir humaine. J'essaie de me transformer en bulle de mousse géante, libre de toute convenance, errant à sa convenance... J'essaie, j'essaie, quand tout à coup, un bruit immonde de glougloutement se fait entendre... Je me sens aspirer par le fond, je tourne, je tourne, je tourne, puis  pfuiiii ! disparais dans les canalisations.
Le voyage est beaucop moins agréable, les senteurs se font plus variées, et moins suaves. La mousse prend des couleurs, les gouttes d'eau s'épaississent et cohabitent avec diverses matières... Pouah ! Je me sens souillèe jusqu'au tréfonds de l'âme.
Me débattant à qui mieux mieux, essayant de regrouper toutes mes particules, je prends de la vitesse et me voici projettée dans ce qui s'apparenterait à une rivière ou un canal. Tout en haut, le bleu du ciel, tout autour, le bruit, le chant de la nature, puis de nouveau un tourbillon. Je m'évanouis, et me retrouve toute proprette dans du coton. Du coton ? Etrange. Je regarde tout autour de moi, que du blanc, je regarde en dessous et HAAAAAAA ! Je suis suspendue dans les airs. A peine en ai-je pris conscience, que je tombe de plusieurs kilomètres de haut. Mon âme d'aventurière en prend encore un coup, et sur ce haut le coeur de la descente vertigineuse, je perds à nouveau connaissance...  
Je recouvre mes esprits quelques temps après, redevenue de chair et d'os, dans ma baignoire. Mon mari entre en trombe dans la salle de bain :
- "Il y a un problème ? Je t'ais entendue crier ? "
Je le regarde d'un air hébété.
-"Tout va bien ? tu es sûre ?"
-"Euh, oui, oui ", bégais-je d'un air peu convaicu.
C'est à peine si ce jour là, j'ai osé m'essuyer, de peur de me faire disparaitre...

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